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2015 : 25 ans de Survap

Une large coalition d’associations se mobilise contre le jugement visant à supprimer des bandes cyclables, péjorant la situation des piétons

2 mai 2022

 

Communiqué de presse du comité d’initiative Climat Urbain

Actif-trafiC, Mobilité piétonne, l'ATE Genève, le WWF Genève, PRO VELO Genève, l’AVIVO, le Club en Fauteuil Roulant, la Fégaph, les Grands-Parents pour le Climat et les associations d’habitant·es de la Jonction (AHJ), des Pâquis (SURVAP) et de St-Gervais joignent leurs forces autour du dépôt d’un recours associatif contre la décision du Tribunal administratif de première instance qui vise à supprimer les bandes cyclables créées au printemps 2020 sur le boulevard Georges-Favon, le pont de la Coulouvrenière et la rue des Terreaux-du-Temple.

Face à l’urgence climatique et au danger du réchauffement urbain, les avantages évidents du vélo et de la marche pour la santé, contre le bruit et contre la pollution, imposent de rééquilibrer au plus vite la répartition de l’espace public en ville en la faveur des modes actifs. C’est ce qu’exige le principe de la complémentarité consacré par la Constitution et la législation genevoise sur la mobilité, dont le Tribunal administratif de première instance a de manière surprenante fait une application totalement erronée et biaisée. Les arguments de la juridiction, selon lesquels ces aménagements n’obéiraient à «aucune vision globale de la mobilité», sont tout aussi indéfendables, la juge ayant notamment tout simplement ignoré l’existence de la stratégie multimodale «Mobilités 2030», adoptée par le Conseil d’État le 15 mai 2013.

 

Une nécessité pour l’urgence climatique

Le dernier rapport du GIEC (1) a rappelé début avril la nécessité d’agir très rapidement pour faire diminuer la courbe des émissions pour éviter un réchauffement catastrophique. Ce rapport mentionne explicitement la nécessité de créer des infrastructures vélo et piétons dans les villes afin d’opérer un transfert modal et réduire les émissions. Cette urgence est incontournable : le Canton de Genève est lié à l’engagements pris par la Suisse de respecter l’accord de Paris sur le climat. Rappelons aussi qu’en 2019, la Ville de Genève a déclaré l’urgence climatique (2) et le Canton a annoncé dans son Plan climat (3), viser une réduction de 40% du trafic individuel motorisé d’ici 2030, avec à chaque fois les mobilités actives mises en avant comme levier d’action majeur.

 

Une nécessité pour la sécurité: plus de 200 témoignages en attestent

Dans le détail, l’autorité de première instance annule la décision pérennisant la bande cyclable et celle réaffectant le trottoir du pont de la Coulouvrenière à l’usage des piétons exclusivement. La juge affirme notamment qu’aucune donnée ne permet de justifier la piste cyclable sur les Terreaux-du-Temple, alors même qu’une enquête de la RTS (4) avait démontré que l’axe parallèle – le boulevard James-Fazy – est l’un des plus dangereux de Genève en termes de risques d’accidents pour les cyclistes. 

La sécurité et le sentiment de sécurité ont sans aucun doute augmenté avec ces aménagements: une étude récente de l’UNIL sur les coronapistes montre que ces pistes améliorent nettement le sentiment de sécurité pour 81% des personnes interrogées, essentiel à la pratique du vélo. De plus, l’appel à témoignages lancé par nos associations a rencontré un large succès puisque plus de 200 témoignages reçus en à peine une semaine attestent de la nécessité de ces pistes pour les usagers·ères qui les utilisent, et qui invoquent essentiellement la sécurité comme argument principal.

 

Une nécessité pour les piétons

Contrairement aux arguments du TCS, auxquels la juridiction a prêté une oreille complaisante, nous rappelons avec énergie l’importance d’un partage équitable de la route entre trafic motorisé et mobilité douce, en accordant les espaces nécessaires à l’augmentation des flux de ces derniers et en créant des aménagements séparés pour chaque mode de transport, notamment les piétons vis-à-vis des vélos. 

En effet, l’augmentation visible des cyclistes, notamment électriques, auxquels viennent depuis quelques années s’ajouter les trottinettes électriques, implique de leur consacrer partout des espaces bien séparés des piétons, sans quoi les tensions, conflits, et accidents déjà très importants aujourd’hui ne feront encore qu’empirer. 

Les associations de défense des seniors, des personnes à mobilité réduite et en situation de handicap présentes dans notre coalition soulignent la nécessité d’assurer la sécurité les usagers·ères les plus faibles: les trottoirs doivent être des espaces protégés, sous peine de les voir limiter encore leurs déplacements. Par ailleurs des aménagements cyclables sécurisants permettent également à une partie de cette population de pouvoir se déplacer en toute indépendance à vélo.

Enfin, les autorités du Canton sont tenues par la loi sur la mobilité douce (IN 144), votée en 2011, de réaliser des pistes cyclables et chemins piétonniers directs, sûrs et continus pour l’ensemble du réseau primaire et secondaire de routes, y compris bien sûr sur l’axe Plainpalais-Cornavin.

Les associations signataires confirment leur intention de recourir dans les délais (formellement seules deux ou trois d'entre elles seront officiellement recourantes, les autres s'inscrivant en soutien de la démarche), afin de convaincre l’autorité de recours que le maintien des aménagements contestés est indispensable. Une dizaine de citoyen·nes affectés directement se joindront à la démarche de recours.


Notes

1) https://www.ipcc.ch/ar6-syr/

2) https://www.geneve.ch/fr/actualites/urgence-climatique-ville-place-acti…

3) https://www.ge.ch/dossier/developpement-durable-actions/concept-cantona…

4) https://www.rts.ch/info/regions/9840555-immersion-dans-les-points-chaud…

 

Citations

Laïla Batou, avocate: «Le Tribunal administratif se fonde sur une loi qui date de 1967, et l’interprète à la manière dont on le faisait en 1967. Avec ce recours, nous souhaitons rappeler que les lois doivent être interprétées conformément au droit supérieur, soit l’obligation faite aux autorités de protéger la sécurité et la santé de la population, et de réduire d’urgence et massivement les émissions de CO2.»

Caroline Marti, ATE-Genève: «Pour répondre aux engagements internationaux de la Suisse et aux ambitions du plan climat cantonal on doit opérer une véritable révolution des transports qui passe forcément par une amélioration des infrastructures en faveur de la mobilité douce.»

Marco Ziegler, Mobilité Piétonne: «Ce jugement est une énormité juridique et contient des erreurs de raisonnement flagrantes. Par ailleurs, en tant qu’association de défense des piétons, nous pensons qu’il faut absolument maintenir les trottoirs aux piétons exclusivement, et cela passe par le maintien des aménagements cyclables.»

Cenni Najy, Pro Velo Genève: «Beaucoup de gens hésitent à prendre un vélo faute d’une sécurité suffisante sur la voie publique. Selon l’étude de l’Université de Lausanne, pour 81% des usagers·ères, les coronapistes sont rassurantes. Elles sont donc vraiment nécessaires.»

Jacqueline Lecocq, AVIVO et Grands-Parents pour le Climat: «Sans des espaces bien séparés, les seniors, moins réactifs et moins habiles, sont plus vulnérables et limitent leurs déplacements en raison d’un sentiment de peur justifié. Pourtant il est nécessaire pour leur santé de maintenir une activité physique.»

Tao Pham, Club en Fauteuil roulant : «Le Club en fauteuil roulant soutient le projet de maintenir les bandes cyclables pour rendre un déplacement en toute sécurité sur les trottoirs pour les personnes à mobilité réduite et en fauteuil roulant.»

Marjorie de Chastonay, Fégaph (Fédération Genevoise des associations de personnes handicapées et de leurs proches): «Aujourd’hui il faut des aménagements de qualité et de sécurité avec des zones de mobilité séparées, des indications claires et des signalétiques pour tous les piétons, cyclistes, les personnes en situation de handicap et pour toutes les citoyennes et citoyens. C’est ça la politique d’accessibilité universelle et d’inclusion.»

Thibault Schneeberger, actif-trafiC : «Pour le climat et pour des raisons géopolitiques, nous devons sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Or, sans ces pistes, ceux qui se déplacent en ville sans utiliser de pétrole, cyclistes et piétons, seraient à nouveau en danger. C’est absurde ! Il faut donc non seulement les maintenir mais aussi les transformer en véritables pistes et en créer sur tous les axes primaires et secondaires du Canton. C’était le souhait de la population qui a voté la loi sur la mobilité douce et des 18'000 signataires de la pétition en soutien à ces coronapistes.»

Laura Sanchez, Collectif Saint-Gervais, Christoph Brandner, SURVAP (Pâquis) et Odile Fioux, Associations habitant·es Jonction: «Nos collectifs d’habitant·es soulignent que piéton·nes et cyclistes sont véritablement main dans la main pour défendre des espaces sûrs et bien séparés.»  

 
  • MAJ le 24 novembre 2024