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2015 : 25 ans de Survap

Nous n'avons plus le temps de perdre du temps

29 juin 2022

 

Communiqué de presse de SURVAP et actif-trafiC

Les associations Survap et actif-trafiC prennent acte avec satisfaction de la décision du Conseil administratif de la Ville de Genève (CA) de lever ce jour la plainte concernant l’action du 22 juin 2022 aux Pâquis, soulignant notamment que nos associations ont agi de bonne foi. Cela laisse à penser que le CA est à l'écoute de la population et souhaite le maintien du dialogue et de la participation citoyenne nécessaires pour faire face aux défis du changement climatique. Nous interprétons aussi cette décision courageuse comme une volonté de mettre tous les moyens pour une action concrète et rapide pour protéger la population. 

actif-trafiC et Survap ont organisé, mercredi 22 juin 2022, une action de jardin participatif sur cinq places de parking dans la rue des Pâquis. Cette action symbolique et non conventionnelle avait pour objectif de rappeler l'urgence d'adapter nos villes au changement climatique en offrant aux habitant·es et aux passant·es l'opportunité de végétaliser et désimperméabiliser un quartier fortement minéral.

Nos associations ont donc dégrappé une bande d'asphalte de 70 cm de largeur sur 12,7 m de long – moins que la surface totale d’une place de parc – et de 5-7 cm de profondeur, soit la toute première couche de bitume. Toutes les précautions avaient été prises pour que les travaux se fassent en toute sécurité, tant en amont qu’au moment de leur réalisation. A cette profondeur, avec des outils et conseils professionnels, les risques d’endommager la moindre canalisation ou réseau souterrain étaient absolument nuls.

L’action s’est déroulée dans le calme, aucun trouble à l’ordre public ni même à la circulation n’a été causé, et aucun incident n’a été déploré.

On le sait, Genève sera l'une des villes du monde les plus exposées au réchauffement climatique, avec +2,5°C d'augmentation dans les années 2030 et une multiplication par trois des jours tropicaux d'ici quelques décennies. À mesure de l'aggravation des canicules, l'effet «îlot de chaleur» provoqué par l'asphalte et l'absence de végétation rendra nos quartiers invivables en été, comme nous l’avons expérimenté dans les jours précédant notre action. Malgré une «Stratégie climat» ambitieuse qui prévoit notamment de désimperméabiliser 10'000 m2 d'espace public par an et de supprimer un tiers des places de parking dans les quartiers résidentiels, qu’a-t-il été fait concrètement pour inverser durablement la tendance et adapter nos quartiers au réchauffement?

Inégalités sociales et territoriales sont intimement liées et se renforcent. Ce n’est pas une simple coïncidence que le quartier des Pâquis soit l’un des moins bien pourvus du canton avec seulement 5% de canopée, quand Champel se taille la part du lion avec près de 30%! Alors que les habitant·es les plus riches du canton pourront bénéficier de la relative fraîcheur d’espaces végétalisés, celles et ceux des quartiers populaires cuiront littéralement dans une chaleur étouffante. Quelques «oasis de fraîcheur» pour les aîné·es n'y changeront pas grand-chose…

L’espace public dévolu au trafic individuel motorisé est au cœur du problème. Or nos associations se battent depuis des décennies contre les nuisances qu’il génère dans nos quartiers. Au quotidien, les habitant·es souffrent de ces nuisances, qui les atteignent parfois jusque dans leur santé (maladies respiratoires, troubles du sommeil, etc.). Les normes censées nous protéger sont régulièrement dépassées et ce dans tous les domaines, des limitations de vitesse aux valeurs limites d’exposition au bruit, sans que jamais ou presque cela n’entraîne de réaction à la hauteur.

Aux Pâquis, un des quartiers les plus denses de Suisse, il aura fallu quinze ans de lutte acharnée des habitant·es et associations pour obtenir l’aménagement de la place de la Navigation et des décennies pour obtenir la piétonnisation des quatre portions de rues bordant les écoles que fréquentent nos enfants (rues dont l’aménagement fait encore aujourd’hui cruellement défaut).

Pour les citoyennes que nous sommes et que nos associations représentent, une telle inertie est incompréhensible. Il ne se passe pas une semaine sans que nous ne soyons interpellé·es par un·e habitant·e décontenancé·e devant la faiblesse de l’action publique.

Nous sommes usé·es et fatigué·es d’attendre des mesures qui ne viennent pas, ou si faiblement. Nous n’avons pas le temps de perdre du temps. Nous avons collectivement besoin de sortir du déni des réalités très dures qui nous attendent, et qui généreront quantité de souffrances, en particulier pour les plus vulnérables d’entre nous.

Le projet de la Croix-Verte, initié par les habitants·es des Pâquis et attendu depuis le contrat de quartier il y a dix ans, tarde à voir le jour ; sa mise en œuvre doit être accélérée. Par ailleurs, nos associations ont formulé des demandes sur la mise en place d’un guichet de l’aménagement urbain citoyen, qui permette de réaliser des projets dans les quartiers par des procédures accélérées. Il nous faut toutes et tous, citoyen·nes, habitant·es, élu·es et représentant·es, agir de concert, solidairement et rapidement pour préserver notre environnement et nos lieux de vie.

Toute question ultérieure sera transmise à nos associations qui répondront en temps voulu.

actif-trafiC et SURVAP - Association des habitant.e.s des Pâquis 

 
  • MAJ le 10 mars 2024